Deuxième épisode d'une série intitulée « Place aux jeunes ! » Alors que l’enjeu de renouvellement des générations n’a jamais été aussi fort dans le monde agricole, voici les portraits de jeunes agriculteurs qui ont fait le choix de s’installer ces dernières années dans l'agglomération paloise. Episode 2 : la ferme "Terra Preta".
Julien Moreau a fait le grand saut il y a un peu moins de 5 ans, en 2018. Ingénieur environnement de formation, il entreprend une reconversion professionnelle afin de se former au maraîchage.
Avant de se lancer, un passage au sein de la couveuse agricole, implantée à Pau à la sortie de l’autoroute, lui permet de tester son activité de micro-maraichage grandeur nature pendant une année et de sécuriser la création de son exploitation.
Il s’est ensuite installé en 2020 au cœur du quartier Université Technopôle, sur le terrain voisin de l’ancienne Piscine Plein Ciel, mis à sa disposition par la Ville de Pau.
Son projet : produire des légumes de manière naturelle, mais non moins intensive, et les vendre sous forme de paniers que les clients viennent chercher directement à la ferme. "Terra Preta" est née, une ferme nourricière en ville, de petite taille et non mécanisée.

"Le travail se fait à l’aide d’outils manuels"
- Julien Moreau, quelles sont vos motivations pour exercer le metier d’agriculteurs ?
J'en ai plusieurs : apporter une nourriture de qualité aux habitants, être en contact direct avec mes clients, ce sont des relations enrichissantes. Il y a aussi le fait de cultiver en préservant les équilibres naturels sans être trop dépendant des outils mécaniques et des énergies fossiles. Ce qui ne m’empêche d’avoir une approche technique poussée pour produire en quantité et en diversité sur une petite surface. Parmi les avantages, je peux travailler en ville pour maintenir un équilibre entre mon activité agricole et ma vie privée
- Pourquoi mettre en place un système de production inspiré de la permaculture et du maraichage sur sol vivant ?
Le mode de production développé sur la ferme Terra Preta repose sur l’exploitation de planches permanentes, sortes de “platebandes” aux dimensions standardisées. Une fois installées, elles restent en place. Le maraîcher ne les piétine pas et les travaille sans jamais retourner le sol.
La vie des vers de terre, des insectes, des bactéries, des champignons, installée sur les 30 premiers centimètres de terre, forme ainsi un système à l’origine de la fertilité du sol.
Ce système est sensible : il ne supporte ni tassement (besoin d’oxygène) ni exposition prolongée à la lumière du soleil. Les seuls apports sont les paillages et les composts qui nourrissent les organismes du sol. Eux-mêmes, à leur tour, restituent les nutriments aux plantes.
Le travail se fait principalement à l’aide d’outils manuels. Ils permettent de s’affranchir des écartements entre légumes généralement pratiqués dans les fermes classiques et nécessaires au passage des tracteurs. De ce fait, j'arrive à planter plus densément et à récolter un nombre beaucoup plus important de légumes au mètre carré. Ce qui explique la taille réduite de la ferme.
- Quels sont vos projets ?
Je vais en citer deux : développer la production et la vente de fruits et faire de la formation pour essaimer ce modèle.
Terra Preta en chiffres
Surface totale : 9 200m² dont
- 2700m² de surfaces cultivées, hors espaces communs et allées.
- 2 serres de 105m² chacune.
40 paniers hebdomadaires
88 variétés de légumes cultivés