Focus sur un artiste : arpenter les Pyrénées avec François Flamichon

18 mars 2021

Focus sur un artiste : arpenter les Pyrénées avec François Flamichon

Ingénieur-géographe, François Flamichon se passionne pour les montagnes et les mystères qui entourent leur formation. Les documents historiques de ce dessinateur touche à tout, présentés dans l'exposition Ici commence le chemin des montagnes # Paysages, témoignent de son rôle dans la construction du regard sur les Pyrénées.

Nom
Focus sur un artiste : arpenter les Pyrénées avec François Flamichon

Adresse
Musée des Beaux-Arts de Pau, Rue Mathieu Lalanne, Pau, France

Téléphone
05 59 27 33 02

Tarifs
Entrée gratuite - port du masque obligatoire

Adresse email
accueil.musee@ville-pau.fr

Horaires
Du mardi au dimanche de 11h à 18h. Suite aux annonces gouvernementales, le musée des Beaux-Arts de Pau est temporairement fermé au public.

Le Pic du Midi d’Ossau, vu depuis les hauteurs du Caillou de Soques, novembre 2017, crédit photo MB-BG

Anatomie

Anatomie

Mettre de l’ordre dans le chaos. Voilà la tâche que se fixent, dès la fin du XVIIème siècle, les premiers savants, voyageurs et explorateurs des Pyrénées. Très vite on échafaude des hypothèses pour expliquer leur formation. « Les montagnes sont des laboratoires, écrit Victor Hugo, le cabinet de curiosités de la nature… »

Serge Briffaud (“Naissance d’un paysage”, 1994) note quant à lui que les premiers minéralogistes qui explorent les Pyrénées « préconisent une approche intestinale de la montagne et vont chercher à l’intérieur des monts le principe d’un ordre dont la surface s’obstine à démentir l’existence. »

Flamichon est de ceux-là : il observe que des plis rocheux affleurent le sol. Il comprend qu’il y a là un moyen d’approcher la nature des couches profondes qui structurent, de l’intérieur, la forme visible du relief. Alors, à la façon d’un artiste qui s’attaquerait à la représentation anatomique de l’intérieur d’un corps humain, il imagine de soulever plus largement quelques lambeaux de peau de la montagne… S’il semble quand même plus facile d’envisager la dissection d’un cadavre que celle d’une montagne, la question sous-jacente est bien la même : il s’agit de dépasser l’aspect de surface, pour comprendre la vérité qui se cache en dessous. /m.

Julius Casserius (1552-1616), “Tabulae Anatomicae, De Formato Foetu Tabulae”, Venise, 1627.

Topographie

Topographie

Après s’être formé à la topographie à Paris, François Flamichon (vers 1750-1788) est affecté en Béarn, en 1771, comme ingénieur géographe au service de la “Carte générale de la France”, dite de Cassini. Accompagné de son “binôme”, l’ingénieur-topographe Louis Moyset, il établit, entre 1771 et 1773, le relevé des feuilles de Pau (108) et Cauterets (108 bis), qui couvrent le Béarn jusqu’à la frontière espagnole, et seront publiées pour la première fois en 1179, sous la direction de César-François Cassini de Thury.

Le relief est suggéré par des zones de hachures indiquant les pentes et par des rochers figurant les pics et les escarpements. On y voit les pointes de l’Ossau comme le pistil d’une fleur auréolé de rides circulaires qui font penser à des ronds dans l’eau…

Le 27 juillet 1771, Flamichon réalise la première ascension connue du Pic d’Anie. Chemin faisant, il se passionne pour ces montagnes ; il cherche à percer les mystères qui entourent leur formation. C’est alors qu’il croise celui qui va lui permettre de donner du sens à sa recherche, Pierre-Bernard Palassou, un naturaliste qui voyageait dans les Pyrénées pour contribuer au premier “Atlas minéralogique de la France”. /m.

“Carte générale de la France, dite de Cassini”, Feuille 108 bis, Cauterets, 1779 / gravure non mise en couleurs, rééditée par l’IGN

L’art de Flamichon, c’est de mettre l’image au travail. Ne pas la considérer comme un simple dessin d’observation, mais comme l’expression d’un raisonnement, d’une réflexion intérieure où l’imagination gouverne. En dernier ressort, c’est peut-être ce rôle décisif de l’imagination dans la fabrique de la pensée que ses dessins nous permettent d’approcher. Autodidacte, volontiers candide, François Flamichon est parfois présenté comme une sorte de double un peu naïf du prestigieux Ramond de Carbonnières. L’a-t-on vraiment considéré pour ce qu’il est ? Topographe, cartographe, géologue, géographe, « l’ingénieur Flamichon », ainsi que le nomme justement Ramond dans ses “Observations”, participe, à sa façon, au mouvement des Lumières, au côté de tous ceux qui se sont donnés pour tâche de « ne laisser aucun blanc » sur la carte de la connaissance. Mais ce qui nous le rend proche se trouve ailleurs. Un lien, ou plutôt une affinité à la fois plus évidente et plus souterraine, qui s’énonce en peu de mots : si Flamichon nous touche, c’est d’être un vrai trafiquant d’images, doublé d’un grand explorateur de ces montagnes.

Et inversement, bien sûr. /m.

François Flamichon (vers 1750-1788), gravure sur bois, in “Essai sur la minéralogie des Monts-Pyrénées”, À Paris, chez Didot Jeune, 1784, / Pau, Bibliothèque patrimoniale. Cote : F 541 R

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