L’art de Flamichon, c’est de mettre l’image au travail. Ne pas la considérer comme un simple dessin d’observation, mais comme l’expression d’un raisonnement, d’une réflexion intérieure où l’imagination gouverne. En dernier ressort, c’est peut-être ce rôle décisif de l’imagination dans la fabrique de la pensée que ses dessins nous permettent d’approcher. Autodidacte, volontiers candide, François Flamichon est parfois présenté comme une sorte de double un peu naïf du prestigieux Ramond de Carbonnières. L’a-t-on vraiment considéré pour ce qu’il est ? Topographe, cartographe, géologue, géographe, « l’ingénieur Flamichon », ainsi que le nomme justement Ramond dans ses “Observations”, participe, à sa façon, au mouvement des Lumières, au côté de tous ceux qui se sont donnés pour tâche de « ne laisser aucun blanc » sur la carte de la connaissance. Mais ce qui nous le rend proche se trouve ailleurs. Un lien, ou plutôt une affinité à la fois plus évidente et plus souterraine, qui s’énonce en peu de mots : si Flamichon nous touche, c’est d’être un vrai trafiquant d’images, doublé d’un grand explorateur de ces montagnes.
Et inversement, bien sûr. /m.
François Flamichon (vers 1750-1788), gravure sur bois, in “Essai sur la minéralogie des Monts-Pyrénées”, À Paris, chez Didot Jeune, 1784, / Pau, Bibliothèque patrimoniale. Cote : F 541 R