Agriculture : la Ferme Cultive à Rontignon

10 août 2023

Agriculture : la Ferme Cultive à Rontignon

La ferme Cultive est un projet qui répond avant tout à une quête de sens, la volonté d’avoir une activité en harmonie avec les convictions écologiques de Lore Apesteguy et Alexandre Chevalier.

Alexandre, qui se destinait à une carrière de pilote de ligne, suit une prépa « math sup math spé » mais se rend rapidement compte en visualisant le film « Demain » qu’il passe à côté de ses véritables aspirations. En sortie de prépa, il décide alors de se réorienter vers une école d’ingénieur spécialisée en eau et environnement. Mais, là encore, cette voix ne lui permet pas encore d’aller assez loin dans la prise en compte des enjeux réels qu’il perçoit.

De son côté, Lore a un parcours littéraire : après une prépa hypokhâgne, elle valide une licence d’histoire et commence son parcours professionnel dans la médiation culturelle, plus précisément sur des projets visant à rapprocher du théâtre des publics qui en sont éloignés.

Lore et Alexandre décident alors de partir en Colombie, où ils séjournent 9 mois dans la jungle, en woofing chez un couple d’Anglais. Ils partagent leur journée entre la lecture de livres sur le maraichage non mécanisé et écologique tout en créant des potagers, avec un certain succès, pour des amateurs. C’est là que nait le projet de revenir s’installer en France pour créer la ferme Cultive. Ils suivent alors une formation en maraichage sur sol vivant aux Jardins de Brenne pendant un an, dans le centre de la France. En parallèle, ils se rapprochent de la Ceinture Verte pour anticiper leur installation en Béarn. 

« Ce projet répond avant tout à une quête de sens, la volonté d’avoir une activité en harmonie avec nos convictions écologiques » affirme Lore. Mais il s’agit aussi d’un goût pour l’entreprenariat : « après quelques expériences en entreprise, je me suis rendu compte que ce n’était pas fait pour moi, j’avais besoin d’être mon propre patron et, si possible, de travailler avec Lore. Et avec le recul, nous sommes vraiment satisfaits de ce choix ».

Il y a aussi la volonté d’expérimenter et de montrer que ce modèle d’agriculture est possible : « il s’agit déjà de se le prouver à nous-mêmes mais aussi de montrer aux autres, à nos proches, à nos pairs, que ça marche ». Ils ne veulent surtout pas se positionner en donneurs de leçon, mais bien de faire la preuve par l’exemple. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils ne veulent pas organiser de formations pour le moment ; ils attendent réellement que leur modèle soit stabilisé, sur plusieurs années, avant de penser à partager leurs connaissances. Enfin, il y a aussi l’idée d’intégrer au projet une dimension d’animation culturelle, en écho au parcours de Lore, d’où le nom de la ferme. 

Les spécificités de Cultive

La base du système cultural de la ferme Cultive repose sur des planches permanentes, sorte de plates-bandes de culture de même dimension (17.5 x 0.80 m) facilitant le dimensionnement du matériel utilisé : filets antisectes, tunnels antigel… et l’application de ratios au m² : densité de plantation, apports de compost, rendements…

Elles sont séparées par de petites allées, des « passe-pieds », qui évitent de piétiner les parties cultivées et de tasser le sol. L’objectif est de dynamiser la vie du sol, pour que peu à peu, la porosité apportée par l’intervention des outils soit remplacée par un travail biologique assuré par les bactéries et la faune.

Une autre pratique consiste à optimiser l’occupation de l’espace. En ne recourant pas aux outils mécaniques, Lore et Alexandre s’affranchissent des espacement habituellement utilisés entre les rangs de légumes qui sont dimensionnés, non pas en fonction des besoins des plantes, mais de l’espace nécessaire au passage des machines.

Le sol est ainsi plus densément couvert, ce qui limite l’enherbement et l’évaporation de l’eau. Ils essayent également de combiner au moins deux cultures sur la même planche en jouant sur l’occupation dans l’espace, par exemple en alternant rangs de petits pois, qui poussent en hauteur, et rangs de betteraves qui se développent au ras du sol, ou dans le temps, en plantant des laitues, qui poussent rapidement, entre les plants de choux, qui prennent plus de temps à se développer. Lorsque les laitues sont récoltées, l’espace est ainsi libéré pour les choux.

L’idée est aussi de s’assurer que le travail manuel assez pénible de préparation des planches soit le plus productif possible : « si une des deux cultures échoue, on assure au moins une récolte avec l’autre espèce, mais si les deux fonctionnent, c’est le bonus ! ».

Enfin, les deux maraichers évitent tout dogmatisme et favorisent l’expérimentation : « nous faisons nous-mêmes nos plans, non par jusqu’au boutisme, mais simplement parce que l’on aime le faire ». 

Les projets ne manquent pas

  • Augmenter peu à peu les surfaces cultivées pour atteindre un rythme de croisière sereinement
  • Basculer un des points vente sur la ferme pour éviter le temps perdu dans les déplacements
  • Développer un espace de plantes pérennes et aromatiques, à destination, notamment, des restaurateurs
  • Une fois la production potagère bien installée, développer la vocation culturelle de la ferme en accueillant des ateliers et animations. 

Les chiffres clés

1.3 ha de surfaces utiles dont :

  • 1500 m² de serres
  • 50 variétés de légumes
  • 2 emplois équivalent temps plein
  • 3 débouchés : Halles de Pau,  un étal à la sortie de l’école et un restaurant.

Ferme Cultive
242 rue des Prés-du-Saligat 64110 Rontignon

non communiqué