D'un abord moins attirant que nombre de paysages de Camille Corot, cette étude se singularise dans le corpus de l'artiste par son apparence austère et comme expérimentale. On sait que l'artiste a fréquenté dès 1822 et donc très tôt la forêt de Fontainebleau en arpentant comme tous les futurs apprentis barbizonesques ces principales curiosités naturelles.
Toutefois, cette pochade brossée sur le motif ne renseigne guère sur le site malgré son titre tout à fait précis et quasi topographique . Par contre, elle apparaît d'un intérêt capital pour comprendre la démarche analytique du peintre que l'on a parfois un peu trop réduite à un simple divertissement pictural et en quelque sorte sensuel. En effet, le motif principal semble ici se réduire au traitement de la futaie, étrange magma informe d'où émerge l'architecture désarticulée de quelques troncs d'arbres. Sur une préparation légère où prédominent les ocres-bruns, Camille Corot a posé de fins glacis qui tirent les ombres sur des verts épinards profonds et permettent une variété de nuances que l'on ne perçoit guère sur une première approche. Véritable anti-sujet, ce sous-bois prend valeur de manifeste par l'évidente qualité de son traitement et son approche autant rationnelle que sensible de la lumière. Il faut le souligner, l'artiste a souvent traité de la végétation, des arbres ou de la forêt mais rarement avec une telle intensité.
En évacuant l'anecdote ou le pittoresque, Camille Corot s'est offert un véritable exercice de peinture pure livrant ici une part de son libre génie.
Notice réalisée par GA