Giovanni Battista Langetti, (Gênes, 1635 – Venise, 1676)

28 avril 2020

Giovanni Battista Langetti, (Gênes, 1635 – Venise, 1676)

" La Mort de Caton ", Huile sur toile, 97 x 81 cm

Nom
Giovanni Battista Langetti, (Gênes, 1635 – Venise, 1676)

Adresse
Musée des Beaux-Arts de Pau, Rue Mathieu Lalanne, Pau, France

Téléphone
05 59 27 33 22

Tarifs
gratuit

Adresse email
musee.beauxarts@ville-pau.fr

Horaires
Du mardi au dimanche de 11h à 18h Fermé le lundi

Giovanni Battista Langetti est probablement passé par l'atelier de Gioacchino Assereto à Gènes. Durablement marqué par le naturalisme pathétique de ce dernier, il séjourne ensuite à Rome puis surtout à Naples où il se familiarise avec l'intense foyer caravagesque dominé par la personnalité de José de Ribera. Il quitte Naples, sans doute vers 1656, pour fuir l'épidémie de peste et s'installe définitivement à Venise. Désormais, sa peinture aux accents fortement réalistes s'imprègne des hardiesses de la technique d'un Bernardo Strozzi tout autant que des larges effets dramatiques du Tintoret. Dominant la scène artistique vénitienne, Giovanni Battista Langetti s'impose auprès d'une clientèle érudite qui prise tout particulièrement les sujets violents, qu'ils soient inspirés par la Bible ou par l'histoire romaine.

Ainsi, le suicide de Caton, décrit notamment par Plutarque ( XXXVI, 70 ) a été traité à plusieurs reprises par l'artiste selon une formule plus ou moins complexe. Dans l'exemplaire conservé à Pau, Langetti a resserré la composition sur Caton, présenté à mi-corps dans une posture tout à la fois dynamique et instable. Rappelons que ce célèbre homme d’État romain avait pris partie pour Pompée durant la guerre civile. Sachant sa cause perdue, il préféra se suicider plutôt que de survivre à la chute de la République. Le moment de sa mort est particulièrement tragique et effroyable puisque Caton, après s'être enfoncé son poignard dans l'abdomen puis avoir été secouru par ses proches, choisit d'agrandir sa plaie en y plongeant sa main.

D'une bouleversante intensité dramatique, Langetti choisit précisément cet instant et décrit le geste irréparable de Caton. La théâtralité de l'action est renforcée par le contraste appuyé entre le corps musculeux que la vie abandonne et le superbe mouvement aérien de la draperie rouge. D'épais coups de pinceau donnent un puissant relief aux muscles saillants. Le visage, aux traits bien individualisés et aux cheveux bouclés ceints d'un bandeau blanc, apparaît dans au moins deux autres compositions du peintre: une « Allégorie de la sculpture » (commerce de l'art parisien, 1989 ) et « Tityos » ( Mauritshuis, La Haye ). Ici, Caton, malgré l'intensité de sa souffrance contient la douleur en un ultime effort stoïcien.

Par son sujet tout comme par la brutalité de son éclairage typiquement caravagesque, cette toile illustre parfaitement l'apport de Langetti dans ce que la critique moderne a qualifié de « poétique de l'horreur ».

Notice réalisée par GA.

Les œuvres à découvrir

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