" La Divine Comédie " de Dante Alighieri : Zoom sur un ouvrage conservé à la Bibliothèque Patrimoniale de Pau

24 mars 2021

" La Divine Comédie " de Dante Alighieri : Zoom sur un ouvrage conservé à la Bibliothèque Patrimoniale de Pau

Il y a 700 ans mourait le grand poète Dante Alighieri. L’Italie, pays de Dante célèbre, toute cette année 2021, l'auteur de La Divine Comédie. En hommage à Dante, la Bibliothèque patrimoniale de Pau présente une édition de La Divine Comédie imprimée en 1520.

Nom
La Divine Comédie de Dante Alighieri : Zoom sur un ouvrage conservé à la Bibliothèque Patrimoniale de Pau

Adresse
Av. Gaston Lacoste

Téléphone
05 59 98 78 23

Tarifs
Gratuit

Adresse email
pireneas@agglo-pau.fr

Horaires
Ouverture de la salle de lecture : Les jeudi et vendredi de 13h à 17h sur rendez-vous

Site internet
www.pireneas.fr

Né à Florence en 1225 et mort en exil à Ravenne en 1321, Dante Alighieri considéré comme le père de la langue italienne et le symbole de l'unité de son pays, est aussi un monument de l'histoire littéraire mondiale. 

" La Divine Comédie "poème de 100 chants, est le premier grand texte en Italien. 

L'histoire raconte le voyage de Dante, dans l'Au-delà, où il traverse, L'Enfer, Le Purgatoire et Le Paradis. 

Le succès fût immédiat. Si le texte original, écrit de la main de Dante a disparu, les bibliothèques du monde entier conservent des copies manuscrites réalisées dès le XIVe et au XVe siècles ainsi que de nombreuse productions imprimées accompagnées de gloses et commentaires qui ont sans doute contribués à éloigner le texte de sa version originale. 

Sur les 600 manuscrits, des XIVe et XVe siècles conservés, seuls une trentaine sont richement illustrés. 

Parmi les manuscrits célèbres, citons " Commedia ", celui copié par Giovanni Boccaccio (1313–1375).  

Ce manuscrit remarquable qui contient l'intégralité de l'Enfer, du Purgatoire et du Paradis est illustré de dessins attribués à celui qui qualifia la " Commedia " de Divine : Boccace. 

Le Kupferstichkabinett de Berlin ainsi que la Bibliothèque vaticane conserve les feuillets de " La Divine Comédie " illustrés par Botticelli. Aujourd’hui détachés, 84 de ces feuillets se trouvent répartis entre Berlin et à Rome.  

La Bibliothèque nationale de France conserve quant à elle un magnifique manuscrit (italien 74), intitulé " Dante Alighieri, Inferno, con l'Ottimo Commento ",  copié un siècle après la mort de Dante en 1426 par Jacopo Guido di Puccini et enluminé par un artiste florentin très connu à cette époque, Bartolomeo di Fruosino

Les 34 chants de l'Enfer sont accompagnés d'une enluminure, et le manuscrit débute par une somptueuse carte de l'enfer.

L'exemplaire conservé à la Bibliothèque Patrimoniale

La Bibliothèque patrimoniale de Pau possède un exemplaire imprimé et illustré de " La Divine Comédie " qui provient du Collège Saint Paul de Lescar, le collège des Barnabites

Il s'agit de la réimpression d'une édition italienne de 1512 accompagnée du commentaire de Cristoforo Landino. Cet ouvrage a été imprimée en 1520 en caractères italiques par Bernardino Stagnino à Trino. 

Dante Alighieri (1265-1321) Opere del divino poeta Danthe, con suoi comenti recorrecti et con ogne diligentia novamente in littera cursiva impresse. Editeur(s) Impressa in Venetia : per Miser Bernardino stagnino da Trino de Monferra, 1520. Cote D 1466 R

Bernardino Stagnino (14..-1540) est le premier imprimeur-libraire piémontais à avoir imprimé " La Divine Comédie ". Issu d'une grande famille d'imprimeurs, les Giolito de Ferrari, qui ont également imprimé " La Divine Comédie ", il n’a jamais utilisé son nom de famille et choisi le surnom de "Stagnino" signifiant "ferblantier". 

La page de titre, imprimée en rouge et noir, est ornée d'un encadrement fait de personnages et végétaux ; au-dessus du titre des anges et en bas de page le Paradis. 

Au centre, une vignette représente Saint Bernardin de Sienne (Bernardino) avec ses attributs : le monogramme du Christ (I-H-S), sur un disque solaire que le Saint semble tenir dans sa main gauche, et les 3 mitres, au sol et au niveau de la tête du personnage, présentée de profil. 

Il s'agit d'un saint très populaire dans l’Italie de la Renaissance, l'éditeur porte son prénom : Bernardino 

Une gravure pleine page illustre et précède le Chant I de l’Enfer de " La Divine Comédie "préambule à l’ensemble du poème.  

Sur la page suivante le début du texte est enchâssé dans un encadrement similaire à celui de la page de titre.

Chaque chant est introduit par une vignette gravée signée du monogramme C, CI ou CC.

Au dernier feuillet se trouve la marque de l’imprimeur (un cœur surmonté d’une croix avec ses initiales).

Pour satisfaire à la demande des milieux les plus intellectuels, qui ne pouvaient se contenter des éditions sorties des presses de la famille du grand imprimeur Alde Manuce et destinées aux bourgeois et courtisans, Stagnino a imprimé trois éditions de " La Divine Comédie " accompagnées du commentaire de Landino en 1512, 1520 et 1536. Spécialisé dans l’édition de textes juridiques, médicaux et philosophiques, il était proche des milieux académiques. 

En plus de l'ajout du commentaire de Landino datant du XVe siècle, à l'édition aldine de Pietro Bembo (début du XVIe siècle), cette édition est surtout remarquable par la présence de ses fines gravures sur bois.   

Grand poème allégorique, histoire d'amour intense, récit initiatique, quête mystique " La Divine Comédieraconte l'histoire d'un personnage, Dante lui-même qui guidé par Virgile et Béatrice traverse les neuf cercles de L’Enfer et les neuf terrasses du Purgatoire, puis, les neuf sphères du Paradis.  

" La Divine Comédie ", portée par l'amour sublimé et composée à la louange de Béatrice Portinari, est un récit, nous dit Jacqueline Risset, " de l'expérience des limites et de l'indicible ". 

Cet amour, entendu comme désir est le moteur même de la création du poème et du poète. La douleur, la perte, le malheur sont dirions-nous aujourd’hui, sublimés par la poésie. En retour le texte poétique même, incarne la vérité.  

" La Divine Comédie " est le récit d'une conversion qui conduit Dante de la mort (la vie pervertie) vers la vie authentique.  

Cette œuvre magistrale, encyclopédique ne cesse d'être lue, commentée, interprétée, c'est dire toute sa profondeur et sa beauté. 

Elle a inspiré de nombreux artistes, peintres, sculpteurs, philosophes, écrivains, compositeurs, metteur en scène : Botticelli, Delacroix, Rodin, Hegel, Goethe, Hugo, Baudelaire, William Blake, Ezra Pound, Becket, Pasolini, Primo Levy,  Litz, Puccini, Tchaïkovski., Romeo Castellucci,   

Selon la lecture qui en est faite, elle est à la fois, réflexion théologique, philosophique, politique, réflexion sur la création artistique, sur l'amour, le désir, ou encore, le récit de la transformation possible de sa propre vie

" Vous les vivants vous rapportez toute cause 

à l’influence du ciel, comme si tout 

se mouvait selon ses impératifs. 

S’il en était ainsi, le libre arbitre 

serait détruit en vous, et alors ne serait pas justifié 

d’avoir joie pour le bien, et deuil pour le mal ? "

(La Divine comédie – Le Purgatoire – Chant XVI) 

En savoir plus

Et aussi...

  • Découvrir Dante, Béatrice et La Divine Comédie avec Universalis et Universalis Junior sur le portail des médiathèques
  • Emprunter " La Divine comédie " présentée par Jacqueline Risset 
  • Feuilleter le fac-similé de l'édition de " La Divine comédie " avec les dessins par Botticelli  À consulter en salle de lecture à l'Usine des Tramways tous les jeudi et vendredi après-midi sur rendez-vous : Cote G2°115 

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