Avec son “Berger des Pyrénées donnant du sel à ses moutons” (1864), Rosa Bonheur a largement contribué à installer l’image pastorale d’une montagne idyllique et préservée, inspirée du paysage immortalisé par Jean-Jacques Rousseau dans “La Nouvelle Héloïse” (1761).
Rosa Bonheur a toujours adoré les moutons, et elle eut à cœur de les représenter fidèlement par la peinture. La critique fut unanime. Théophile Thoré par exemple, qui écrit dans le “Salon de 1846” :
« Le “Troupeau de moutons” de Rosa Bonheur donne envie de se faire berger, avec une houlette, une veste de soie et des rubans. » Ou encore A.-J. Dayot, le 3 juin 1848, dans “L’Illustration” :
« Il est impossible de mieux rendre la toison floconneuse, la laine imprégnée de suint …»
Les spécialistes reconnaîtront, dans le profil des trois moutons au dernier plan du “Berger des Pyrénées”, des bêtes de race basco-béarnaise, typiques des vallées d’Aspe et d’Ossau où Rosa Bonheur séjourna à plusieurs reprises dans les années 1850. Elle ne se contenta d’ailleurs pas d’y peindre des moutons, mais aussi des veaux, des vaches ou des troupeaux de mules comme dans ces “Bourriquaires [muletiers] traversant les Pyrénées” (vallée d’Aspe), présentés dans l’exposition au Musée des beaux-arts de Pau, dans une version admirablement gravée à Londres (1857).
Rosa Bonheur, Berger des Pyrénées (s.d.), détail, coll. Philippe Fermigier
Eau-forte inspirée du “Berger des Pyrénéedonnant du sel à ses moutons” (1864), huile sur toile, Chantilly, Musée Condé