Le musée des beaux-Arts de Pau propose de s'évader le temps d'un voyage immobile à travers une sélection d’œuvres de ses collections. Cette première escale, consacrée aux horizons plus ou moins lointains, débute par le XIXème siècle. On y découvre la fascination qu'exerce l'Orient et l'altérité sur de nombreux artistes. Couleurs, lumières et textures transcendent ces œuvres qui naviguent entre imaginaire, curiosité et sensibilité réaliste.
Nom
Voyage immobile au musée : peindre les lointains
Adresse
Musée des Beaux-Arts de Pau, Rue Mathieu Lalanne, Pau, France
Téléphone
05 59 27 33 02
Tarifs
Entrée gratuite - port du masque obligatoire
Adresse email
musee.beauxarts@ville-pau.fr
Horaires
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Suite aux annonces gouvernementales, le musée des Beaux-Arts de Pau est temporairement fermé au public.
L'Espagne, antichambre de l'Orient

Certains des sujets hispaniques présentés au musée témoigne de l’influence et de la fascination indéniable qu’a exercée l’Espagne, antichambre de l’Orient, sur l’art français du XIXème siècle.
Inaugurée en 1838 à partir de la collection du roi Louis-Philippe, la galerie de chefs-d’œuvres de la peinture espagnole du musée du Louvre n’est pas étrangère à l’engouement pour ce pays.
Dès lors, l’Espagne devient une destination de voyage privilégiée pour les artistes qui collectionnent, copient et s’inspirent de la peinture de ce pays. Les œuvres de Regnault, Clairin, Dehodencq, Zo, évoquent la découverte de la tauromachie, des paysages et de personnages pittoresques.
L’Andalousie, par son riche héritage hispano-mauresque, s’affirme plus particulièrement comme l’antichambre de l’Orient. Les voyages en Espagne constituent généralement pour ces artistes une première étape avant leur découverte du Maghreb. En effet, à quelques kilomètres, le Maroc attire un cercle international d’artistes de plus en plus nombreux, dont ceux évoqués ci-dessus, qui à leur tour investissent le répertoire orientaliste.
Alfred Dehodencq, Courses de taureaux en Espagne, huile sur toile, 1850

L'Orientalisme entre fantasme et authenticité de l'ailleurs
L’Orientalisme désigne une tendance littéraire et artistique qui naît en Occident dès le XVIIème siècle et connaît son apogée au XIXème siècle. Il témoigne de la fascination exercée par la culture du Moyen-Orient et du Maghreb. Son essor est directement lié aux bouleversements politiques que connaît cette région du monde tout au long du siècle, à l’expansion du colonialisme européen et au lent effondrement de l’Empire ottoman.
Du romantisme qui l’a vu naître, porté par la fougue de Delacroix, au réalisme de Guillaumet ou Dinet jusqu’aux représentations fantasmées d’Ingres, ce sont toutes les tendances picturales du XIXème siècle qui sont influencées par l’Orient. Parmi ces artistes, certains ont découverts ces contrées de leurs propres yeux, quand d’autres appelés « orientalistes d’atelier », dont fait partie Léon Bénouville, ne feront jamais l’expérience du voyage.
Avec le développement de la conquête coloniale, des liaisons maritimes et des réseaux ferrés, des peintres comme Guillaumet et Dinet, s’éloignent de l’influence occidentale et s’enfoncent dans les terres. Dans une démarche ethnographique, ils vivent au plus près des populations humbles du Sud algérien à la recherche d’authenticité. Leurs œuvres rompent avec l’exotisme et le pittoresque des orientalistes d’atelier pour offrir au regard un Orient vécu et plus seulement rêvé.

Quelques exemples d'oeuvres orientalistes
3 photosAltérité plurielle

La rencontre entre l’art et l’altérité s’imprègne de l’évolution du regard que l’Occident porte sur les peuples, les sociétés et les territoires plus ou moins lointains. Avec l’expansion coloniale, les artistes entrevoient un nouveau monde et empruntent des voies différentes pour le restituer. Après la tentation de l’exotisme avec l’exaltation de la couleur et de la lumière, vient le temps d’une vision plus réaliste et ethnographique (H.F Cayon, Marché de coton en Guinée, Kita).
Entre initiatives individuelles ou exécutions sur commande, les œuvres glissent d’une représentation subjective et stéréotypée, voire stigmatisante, de l’étranger, à une observation plus sensible de l’individualité. En effet, une attention particulière est portée au modèle : son regard, son expression et ses émotions (F. Cormon, Portrait de jeune africaine). Les détails gagnent également en objectivité : les vêtements, la coiffe, les parures, sont autant d’éléments restitués avec le plus grand soin (R. Nivelt, La Belle Aminata).
Par ailleurs, la découverte de paysages à la végétation luxuriante et à la faune exotique inspire aux artistes de nouveaux motifs. Le règne animal devient une source d’inspiration inépuisable (P. Jouve, Tigre couché, A. Besnard, Attelage de zébus en Inde, étude). La flore sauvage émerveille les peintres et les lignes sinueuses des plantes sont sublimées par l’abondance des couleurs (C.Dufresne, Campement arabe, M. de Buzon, Paysage d’Algérie).
Ainsi, face à l’inconnu, les artistes occidentaux peignent différemment leurs sensibilités. Ces œuvres sont un creuset où art, histoire et politique sont intimement liés.
Fernand Cormon, Portrait de jeune femme, huile sur toile, XIXème siècle
