Installé depuis 2017, Sylvain élève un cheptel de 250 ruches qui produisent 3 à 6 tonnes de miel selon les années. Rencontre.
« Depuis le collège, j’aidais mes parents qui avaient quelques dizaines de ruches pour le loisir. C’est devenu une activité professionnelle maintenant ». Après des études et une première expérience dans le domaine de la logistique et de la qualité industrielle, Sylvain saisit l’opportunité d’un licenciement économique pour se lancer dans l’aventure.
Il reprend des études agricoles en 2015 au lycée de Montardon et décide de suivre un parcours d’installation. Il s’installe officiellement en 2017 avec un cheptel de 200 ruches. L’investissement est relativement modeste comparé à d’autres fermes puisque l’outil de production est constitué des ruches, d’un pickup et d’une remorque, d’un atelier pour l’extraction et la mise en pots. « On a des coûts assez modérés d’activités donc on subit moins l’inflation des prix mais par contre, on est totalement dépendant du climat. » Le métier d’apiculteur est très physique et Sylvain est très vigilant aux investissements qui lui permettront de moins s’user et tenir sur la durée.
Sylvain pratique la transhumance d’une partie de ses ruches
L’environnement a changé depuis 20 ans : le changement du climat avec des périodes de floraison plus courtes ou décalées, le varroa, qui est un parasite redoutable, le frelon ont changé les façons de produire du miel. Il y a donc plus de mortalité dans les colonies qu’il y a 20 ans ou 30 ans. Pour pallier ces évolutions, Sylvain produit des reines pour ses propres besoins et en vend aussi maintenant à d’autres apiculteurs.
Le Béarn et le Gers proposent des secteurs de floraison diversifiés. Sylvain pratique également la transhumance d’une partie des ruches. « Pour éviter de s’éparpiller et bien suivre les colonies, on réfléchit à mettre les différents emplacements sur un même circuit. Trouver un emplacement qui soit accessible avec le véhicule, ni trop près des autres apiculteurs et adapté en termes de floraison et de circuit n’est pas évident. Je fais souvent de belles rencontres avec les gens qui acceptent d’accueillir mes ruches ».
Cela permet de produire des miels diversifiés et d’adapter la production en fonction des conditions climatiques. Toutefois ces dernières années, les apiculteurs ont constaté une baisse de production. La sécheresse a par exemple grillé les fleurs en 2022. La production de miel de bruyère a été de zéro kg. « Le miel est un produit qui se conserve bien. Lorsqu’on a une bonne année, je stocke du miel en prévision de récoltes plus faibles pour lisser les mauvaises années. »
L’intégralité de la production de Sylvain est vendue soit en vente directe à l’atelier de Lescar, soit en circuit court autour de Pau. On peut ainsi trouver ses produits sur les marchés d’Ousse-des-bois et de Serres-Castet, dans le magasin de producteurs Tot de Casa à Oloron ou les fermiers du Béarn aux Halles de Pau, à Emmaüs, dans des épiceries spécialisées. « Mon gros mois de vente, c’est décembre avec les marchés de Noël. Le bouche-à-oreille fonctionne bien. Je n’ai pas besoin de beaucoup communiquer car il y a un déficit de production en France et beaucoup de magasins recherchent du miel de producteurs. »
Quelles sont vos motivations pour exercer le métier d’agriculteur ?
« C’est une passion les abeilles. Une fois que vous vous y intéressez, on apprend toujours quelque chose de nouveau. Ce qui me plait dans mon métier, c’est la polyvalence. Il y a une grande diversité d’activités entre la production, la mise en conditionnement, la gestion comptable. C'est aussi avoir une activité sur mon territoire, le faire vivre, c’est un côté qui m’intéresse. J’avais envie de vivre en Béarn et voir la finalité de mon travail. »
Quels sont vos projets ?
J’ai atteint une taille d’activité suffisante pour deux personnes. Je ne souhaite plus augmenter le cheptel. En fin de saison, lorsque les ruches sont hivernées, je coupe durant une semaine. J’aimerais être à deux, à temps plein, ou avec des saisonniers pour mieux gérer le temps. Je me suis installé il y a 6 ans. Ce n’est pas envisageable pour l’instant. Ma mère m’aide à la commercialisation en faisant deux marchés hebdomadaires. Lorsqu’elle souhaitera arrêter, j’envisage de recruter un salarié et d’investir dans des locaux d’activités qui seront plus adaptés pour le travail à deux et avec du matériel permettant de s’économiser physiquement. »
250 ruches
dont 1/3 sont déplacées en transhumance à 1h15 autour de Pau. 3 à 6 tonnes de miel produits selon les années. 8 miels différents : printemps (pissenlit-colza), acacia, toutes fleurs, châtaignier, tilleul, bruyère, montagne, tournesol.
Sylvain Masseillou
9 rue Micatoste 64230 Lescar