Un Murillo du musée des beaux-arts est transmis au Prado de Madrid

Publié le 14 novembre 2025

Un Murillo du musée des beaux-arts est transmis au Prado de Madrid

Mis à jour le 14 novembre 2025
Dans le cadre de l'exposition « Le Prado au féminin », le musée des beaux-arts de Pau dépose à Madrid une esquisse de Murillo. Une œuvre à l'histoire atypique : elle est volée à la fin du XIXe siècle avant d’être rachetée en 1907 par la ville de Pau.

Dans le cadre d’une exposition « Le Prado au féminin » dans l’un des plus célèbres musées espagnols à Madrid, le musée des Beaux-Arts de Pau dépose cette esquisse méconnue du peintre sévillan Bartolomé Esteban Murillo (1617-1682).

Cette œuvre religieuse représente sainte Anne et la Vierge. Elle appartenait autrefois à Isabelle Farnèse (1692-1766). 

L’œuvre connaît une histoire atypique. Donnée au musée du Prado à Madrid, elle est volée à la fin du XIXe siècle avant d’être rachetée en 1907 par la ville de Pau, dont elle fait depuis partie des collections.

De Pau à Madrid

Le tableau est parti au musée du Prado le jeudi 13 novembre pour être déposé dans le musée espagnol. La loi n’autorise pas encore la restitution de manière simple de l’œuvre à l’Espagne car la loi sur les musées de France rend les œuvres inaliénables et imprescriptibles depuis le 4 janvier 2002.

La seule solution serait de faire passer une loi exceptionnelle pour restituer cette œuvre, ce qui prendrait beaucoup de temps. Il a dont été convenu d’une convention de dépôt reconductible, qui permettra au musée du Prado de jouir de l’usage de l’œuvre, même si la propriété reste à la ville de Pau.

Une loi sur la restitution des œuvres est en cours de passage et a été examinée par le Sénat le 24 septembre 2025.

Quand cette loi sera passée, la démarche de restitution totale pourra s’effectuer.

Histoire de l’œuvre

Histoire de l’œuvre

L’œuvre est réalisée en 1655. Il s’agit d’une esquisse du tableau aujourd’hui conservé au Prado représentant Sainte Anne apprenant à lire à la Vierge. Les peintres de Séville étaient très friands de la représentation de cet épisode apocryphe de la vie de la Vierge. 

La composition est réalisée en trois espaces :

  • Une scène de vie domestique, la mère apprend la couture à sa fille
  • Un cadre architectural à peine visible sur l’esquisse
  • Un espace allégorique avec deux anges montrant le caractère divin de la scène

L’œuvre fait partie de la collection d’Isabelle Farnèse (1692-1766) qui la lègue au musée du Prado. Isabelle est une descendante des grandes familles Medicis et Farnèse, qui ont donné plusieurs papes. Elle est reine d’Espagne de 1714 à 1746, épouse du roi Philippe V. 

Après avoir intégrée les collections du Prado, l’œuvre est volée en 1897 et se retrouve sur le marché de l’art.

Dix ans plus tard, en 1907, elle est achetée par Paul Lafond (1847-1918) en toute bonne foi. Il l’attribue à l’école de Murillo mais sans certitudes de l’attribution au maître espagnol. Paul Lafond est conseiller municipal à Pau entre 1900 et 1918 et conservateur du musée des beaux-arts à partir de 1913. Il est connu dans le monde de l’histoire de l’art pour avoir fait connaître la peinture espagnole à son époque et pour avoir acquis ou fait acquérir de nombreuses œuvres dont certaines se retrouvent aujourd’hui au musée du Louvre. Il a notamment écrit des ouvrages sur Zurbaran, Le Greco, Murillo et la sculpture espagnole.

Après son acquisition en 1907, l’œuvre reste dans les réserves. Elle est peu exposée car il s’agit d’une esquisse de petite dimension sans attribution précise à l’artiste. L’œuvre est à peine ébauchée ce qui rend difficile son attribution au célèbre artiste sévillan.

Il faut attendre le récolement du musée du Louvre en 2024 au musée des beaux-arts de Pau, pour qu’un des agents récoleurs spécialisés identifie l’œuvre comme étant l’esquisse de Murillo volé au musée du Prado en 1897, avec l’aide du département du musée du Louvre spécialisé dans la peinture espagnole.