L'histoire de Pau

14 décembre 2018

L'histoire de Pau

Pau est une ville à l’histoire riche et aux influences multiples : parlementaire, royale, anglaise, cosmopolite, splendide terrasse sur les Pyrénées, et toujours très contemporaine.

Pau, capitale du Béarn, a écrit son histoire en transformant les contraintes naturelles en atouts et nouvelles sources de développement. Dès le Moyen-Age, son urbanisation est affectée voire freinée par le Gave au sud, le ravin du Hédas au nord et le Château prolongé par les jardins du domaine royal à l’ouest. Qu’importe, direction l’est dans la continuité du Château et de l’église Saint-Martin. La ville va y prendre son essor. Puis elle dépasse ses barrières naturelles : l’évolution se fait vers le nord à partir des ponts surplombant le Hédas, et vers l’ouest depuis la place Gramont créée au pied du Château.

Pau, capitale historique quand Louis XIII y installe le Parlement de Navarre au XVIème siècle, en hommage à Henri IV qui avait rattaché la couronne de Navarre au royaume de France.

Pau, ville anglais au XIXème siècle, à l’heure de l’essor de la villégiature qui voit les riches hivernant britanniques y prendre leurs quartiers. La ville se transforme : le casino, les grands hôtels, les maisons de maîtres et le boulevard des Pyrénées sont autant de créations qui, aujourd’hui encore, contribuent à la réputation de Pau, ville internationale.

Fière de son passé, Pau prépare l’avenir avec ambition. La métamorphose est en route : création des nouvelles Halles, réhabilitation du Hédas et du stade du Hameau, rénovation du centre-ville, arrivée de Fébus, ce bus à haut niveau de service qui sera le premier bus de 18 mètres au monde propulsé à l’hydrogène.

Pau 2030 est aussi lancé. Ce plan d’urbanisation va contribuer à conforter Pau dans sa position centrale de ville dynamique et économiquement performante, dans laquelle il fait bon vivre. Dans laquelle chacun a sa place, à tous les stades de la vie grâce au plan anti-solitude qui fait de Pau la première ville française à lutter de la sorte contre ce mal du siècle. C’est Pau, Capitale humaine.  

Au départ était un gué sur le Gave... Au Moyen-Age un castelnau s'installe sur l'éperon rocheux qui le domine, auquel Gaston Febus donnera toute son importance stratégique à la confluence des royaumes de France et de Navarre.…

La ville de Pau s’est installée sur les terrasses du Gave qui a établi son cours actuel durant les périodes quaternaires. Cet éperon rocheux est initialement un site stratégique formé par les vallées du Gave au Sud et de l’un de ses affluents, le Hédas au Nord.

Le Gave de Pau est une rivière que seuls trois gués permettaient de franchir. A Pau, un promontoire rocheux surplombe ce passage. Sur cet éperon rocheux serait installé vers l’an mille un poste de garde afin de surveiller les arrivants des vallées pyrénéennes : ce sera l’ancêtre du château.

Le castelnau médiéval

« Le site admirable du château de Pau en dit assez à l’homme de guerre et à celui que la vue d’un magnifique et magique panorama émerveille, pour que nous soyons dispensé de faire ressortir le choix de sa position et les avantages de sa construction » (Théodore Chastang, régisseur du Château. Notice historique sur le Château de Pau. Pau : imprimerie et lithographie Vignancour, 1873)

Les seigneurs de Béarn édifient le castelnau médiéval dans le courant du XIIème siècle. Un fossé et une palissade fermant la pointe du plateau à l’est complètent alors sans doute le dispositif de protection de l’ouvrage.

La ville tirerait son nom de cette palissade formée de pieux ou pals, « pau » en béarnais. Cette hypothèse philologique, à défaut de faire l’unanimité des spécialistes, vient en tout cas conforter la légende locale qui veut qu’un vicomte béarnais aurait planté trois pieux pour délimiter le territoire sur lequel il voulait édifier un château. Les armes de la villerappellent à l’envi cette origine : « d'azur à la barrière de trois pals aux pieds fichés d'argent ».

C’est à l’ombre du château que se développe le bourg primitif, appelé borg vielh. En 1385, la ville compte 128 familles, appelés feux, répartis au long de quatre rues, autour d’une très modeste église paroissiale.

Le bourg de Gaston Fébus

Son importance était cependant réelle puisqu'à cette époque troublée, le vicomte Gaston III de Foix-Béarn, dit Gaston Fébus, en fit à la fois une place-forte, une reculhide, et l’un de ses lieux de résidence favoris. Il fait alors édifier un donjon à l’angle sud-est de la forteresse et une tour basse protégeant la façade méridionale du château au débouché du gué, aujourd’hui appelée Tour de la Monnaie. Gaston Febus profite de la Guerre de Cent Ans pour faire entériner la souveraineté du Béarn qui bénéficie d’une large autonomie, dont le Parlement de Navarre est le témoin. Ce statut subsiste jusqu'en 1620 où le Béarn est incorporé à la couronne de France.


La bourgade paloise, qui se développe au XVème siècle, sera marquée par la naissance en son château d'Henri III de Navarre, futur Henri IV, roi de France.

Du XIIème au XVIème siècle, le développement du bourg s'opère suivant un processus continu, les extensions se faisant en prolongement direct des parties déjà construites, selon une ligne de croissance parallèle au Hédas et au Gave. Les faubourgs se fondent ainsi dans le modèle urbain dense, calqué sur celui du bourg enfermé dans ses murs.

Le véritable essor de la cité date du XVème siècle. A l’époque, les souverains béarnais prennent l’habitude de résider en leur château de Pau, plus central que l’ancienne capitale Orthez, dans des états qui s’étaient étendus vers l’est. En 1450, Pau devient après Lescar, Morlaàs et Orthez, la capitale du Béarn.

La résidence princière (XVème siècle)

Gaston IV (1436-1472) commence des travaux destinés à transformer l’antique forteresse en résidence princière puis installe à Pau de manière permanente la cour de son Sénéchal (tribunal). C’est ainsi que la prééminence administrative et économique de Pau est consacrée sur les autres cités béarnaises.

En même temps, il accorde aux Palois des exemptions de péages dans tous ses domaines et crée dans la ville un marché hebdomadaire (cette tradition du marché du lundi a d’ailleurs perduré jusque très avant dans le XXème siècle) et trois foires annuelles (dont les fêtes foraines de Pâques et de novembre sont les lointaines héritières).

Au XVIème siècle, la ville qui était déjà le centre de la vie judiciaire, devient la résidence de la famille royale de Navarre et le centre de la vie politique. Ainsi, Henri d’Albret et Marguerite d’Angoulême poursuivent les travaux d’embellissement du château. Leur fille Jeanne et son époux, Antoine de Bourbon, se préoccupent quant-à eux surtout de l’aménagement des immenses jardins, dont les voyageurs de l’époque disent volontiers qu’ils sont « les plus beaux d’Europe ». L'environnement du palais royal s’en trouve profondément remanié, avec la création du jardin des parterres,ou jardin d'en bas, et des jardins d'en haut, appelés aussi le verger (plus tard la Haute-plante, l’actuelle place de Verdun).

Les premiers travaux d'édilité publique sous les Albret

Parallèlement à l’embellissement du château, le bourg campagnard se transforme peu à peu. Un hôtel de ville, certes modeste, est édifié à l'angle de la rue Longue et de la bie cabe, lavieille rue. Les premiers règlements municipaux imposent le nettoyage et le pavage des rues ainsi que la fermeture des latrines et l'évacuation des eaux usées. Outre ces prescriptions d’ordre sanitaire, Jeanne d'Albret prend des mesures de prévention contre les incendies en rendant obligatoire un ramonage des cheminées et en imposant les couvertures en tuile ou ardoise en remplacement du chaume.

Sous l’impulsion de l’installation de nouvelles administrations, l’espace urbain s’élargit et la ville se développe hors de ses fortifications. Ainsi, en 1554, l’atelier de la Monnaie de Béarn s’installe à la Basse-Ville sur un espace resté longtemps inoccupé pour cause d’inondations chroniques. Un Palais de justice est édifié près du château pour abriter le Conseil et la Cour souveraine de Béarn en 1586. En 1592, un pont de pierre remplace la fragile passerelle de bois régulièrement emportée par les crues pour franchir définitivement les flots tumultueux du Gave.

Signe de la croissance de la ville, un certain nombre de fonctions sont alors déplacées vers l’est, à l’extérieur de la muraille primitive désormais insuffisante : les écorcheries (ou abattoirs), le cimetière, l’hôpital puis le marché s’éloignent peu à peu du centre historique du bourg, le long d’un axe ouest-est constitué par les routes de Nay et de Morlaàs. Cette extension de la ville vers l’est semble inévitable compte tenu de l’existence d’une triple contrainte : les coteaux qui surplombent le Gave au Sud, la vallée encaissée du Hédas au Nord, et les jardins du Roi attachés au château qui représentent un obstacle foncier et domanial à la propagation du tissu urbain vers l’ouest.


Au milieu du XVIIème siècle l'urbanisation est bourgeonnante, autour des établissements de divers ordres religieux qui s'implantent dans le mouvement de la Contre Réforme. Quelques décennies plus tard, la ville s'ouvre grâce à la construction de voies de communication majeures vers le Sud et le Nord.

La ville parlementaire

A l’époque moderne, la vie paloise est rythmée par les activités des institutions civiles ou religieuses : le Château en premier lieu, le Parlement de Navarre, les couvents et les séminaires, puis la Préfecture depuis la fin du XVIIIème siècle. Elle est longtemps dominée par ces Messieurs du Parlement et leurs divers satellites. Les hôtels particuliers qui bordent la rue Joffre abritent en majorité les résidences des notables, essentiellement les parlementaires. A la fin du XVIIIème siècle, le premier de ces magistrats logeait même au bout de la rue dans un « logement de fonction ».

A partir du milieu du XVIIème siècle, en raison de la présence de différentes barrières de croissance au nord (le parc du château et le Hédas), le processus de développement devient discontinu. La ville éclate en un pôle originel, le vieux bourg, et plusieurs bornes de croissance autour desquelles « bourgeonne » le tissu urbain sous l’impulsion de l’implantation progressive de plusieurs ordres religieux (Capucins, Ursulines…) initiée par la Contre Réforme. Autour de ces établissements, des faubourgs s’édifient peu à peu : faubourg de la Fontaine autour du couvent des Cordeliers, faubourg de la Porte-Neuve entre l’hôpital et le collège des Jésuites. Finalement, malgré la création de ces nouvelles centralités autour des ordres religieux, à la fin du XVIIème siècle la cité ne dépasse guère les bornes de ce qu'elle était à la fin du XVIème.

L’ouverture de la ville

L’installation du couvent des Cordeliers au nord du Hédas en 1650 (aujourd’hui place de la Libération) rend nécessaire la construction du premier pont franchissant non seulement le ruisseau du Hédas mais aussi de la totalité du ravin : l’ouverture de la rue des Cordeliers évite la descente par la côte raide de la Fontaine et ouvre la ville vers le nord.

Le XVIIIème siècle est celui du développement des voies de communication. Le pont royal (aujourd’hui pont du 14 Juillet) est édifié entre 1733 et 1739 permettant ainsi à la route royale allant de Bordeaux à l’Espagne de franchir enfin de manière aisée le Gave. Au nord de la ville, la construction d’un nouveau pont sur le ravin du Hédas est décidée en 1747 : ce Pont-Neuf (actuelle rue Bordenave d’Abère) n’est terminé qu’en 1773 et devient alors la principale entrée au sud la ville. À la même époque, sous l’impulsion de l’intendant d’Étigny, de nouvelles routes sont ouvertes en direction de Bordeaux et Bayonne, traversant de part en part les anciens jardins des rois de Navarre qui bloquaient jusqu’alors le développement de la ville.

Pau est donc une ville en plein développement lorsqu’elle est choisie en 1790 pour devenir le siège du chef-lieu et des principales instances judiciaires et administratives du nouveau département des Basses-Pyrénées, malgré une position géographique excentrée. Son passé de « ville parlementaire » et son histoire singulière n’y sont sûrement pas étrangers…


La période révolutionnaire a peu marqué la région, traditionnellement d’opinion très modérée. Cependant, la disparition et la vente des établissements religieux édifiés au XVIIème siècle sont déterminantes dans l’histoire urbaine du début du XIXème siècle.

En effet, tous les grands domaines constitués par les communautés religieuses disparaissent à l'exception de Sainte-Ursule. Si le collège des Jésuites est transformé en École centrale puis en Lycée de Pau, nombre d’autres édifices religieux deviennent d’une manière ou d’une autre propriétés de la Ville, libérant autant d’espaces à conquérir. Après le pont des Cordeliers, le Pont Neuf et la rue Rivarès, un nouvel axe de développement s’ouvre vers nord : la ville a définitivement vaincu le ravin du Hédas.

Le château reste propriété de la Nation mais les vastes terrains du Parc sont redistribués. La Haute-Plante est attribuée dès 1795 à la ville de Pau qui y installe le marché au bétail. La disposition des anciens jardins royaux permet tout d’abord à la ville d’y transférer son cimetière puis, plus tard, d’en concéder une partie à l’autorité militaire pour y construire la caserne Bernadotte (1825-1830). Menacée de lotissement, la «forêt d’Henri IV» est rachetée en 1796 par un groupe de notables locaux qui l’offrent à Louis XVIII en 1815, à condition qu’il reste ouvert à tous : cette initiative qui offre aux Palois leur premier jardin public devait peser lourd dans le destin de la « ville jardin ».

La cité qui n’était qu’une modeste bourgade à la fin du XVIIème siècle a profondément changé d’aspect. Ainsi, en 1768, dans son Dictionnaire, l’abbé d’Expilly la décrit en ces termes : « La ville dont il s’agit n’est ni ancienne, ni grande, mais elle est bien bâtie et très agréable. C’est un séjour délicieux, plus encore par l’urbanité de ses habitants que par la beauté du pays et la douceur du climat ». Le décor est planté : les restructurations majeures opérées au XVIIIème siècle ouvrent un pan singulier de l’histoire paloise, celui de la ville de villégiature.


Au XIXème, Pau devient un prestigieux lieu de villégiature. De la Russie au Brésil, la ville, station climatique d'hiver et centre touristique d'été, est le rendez-vous mondain de la haute société.

La situation géographique de la ville, le point de vue grandiose qui s’offre depuis son coteau, la présence du château natal d’Henri IV, tout concourt à faire de la ville la porte d’entrée des Pyrénées. Passage obligé vers les bienfaits des stations thermales, la grandeur de ses paysages montagnards est célébrée par la vogue romantique du « voyage aux Pyrénées ». Ainsi, de façon précoce dans l’histoire de la villégiature thermale et sanitaire, Pau se met à vendre au début du XIXème siècle un produit impalpable, dont tous disposent et qui cependant n’appartient à personne : l’air !

De la « sublime terrasse » à la ville climatique : Pau, « ville anglaise »

A partir des années 1830-1840, l’histoire de la ville prend alors un tour inattendu marqué du sceau du développement du tourisme climatique. Le succès augmente encore à partir de 1842, lorsqu’un médecin écossais, le docteur Alexander Taylor, installé à Pau en convalescence, entreprend de démontrer à ses compatriotes que le climat local peut avoir des vertus bénéfiques dans le traitement de la tuberculose. Il devient désormais de bon ton de passer l’hiver à Pau pour y soigner sa santé… ou seulement s’y montrer!

Cette période est couramment qualifiée de « ville anglaise ». Mais il faut noter que si les Britanniques sont certes les plus assidus à y passer la « season », la bonne société américaine, française, espagnole, néerlandaise, russe ou prussienne contribue aussi à son succès. L’arrivée de la ligne de chemin de fer en 1863 amplifie encore un phénomène déjà bien installé.


C'est dans la deuxième moitié du XIXème que la ville de Pau confirme sa vocation de station européenne de séjour hivernal. L’ordre urbain de la « ville d’hiver » est dicté par les théories à la mode d’hygiénisme urbain et d’aérisme, changeant profondément et durablement sa physionomie.

Pour offrir des distractions toujours plus nombreuses aux hivernants, la Ville se dote de prestigieux espaces de loisirs : à l’emplacement de l’église Saint-Louis, toujours inachevée après 150 ans d’atermoiements, est finalement édifié en 1860 un théâtre digne du public mondain qui fréquente désormais la ville. Les parcs et jardins du Château et la place Royale font aussi l’objet d’une attention spéciale, premiers lieux fréquentés par les visiteurs étrangers, tous deux largement ouverts vers les Pyrénées. Pau devient une station hivernale prisée et cosmopolite et cette période est sûrement celle qui va façonner le plus durablement la ville dans ce qu’elle est de nos jours.

La ville poursuit donc son développement en tenant compte des besoins et des souhaits de ses résidents. De nouveaux quartiers se créent, tandis que les anciens, soumis à de nouvelles règles d’hygiène et d’urbanisme, subissent d'importantes transformations (1850-1880). A partir de 1850, l’équipement de la ville prend un nouveau rythme et les premières mesures d'assainissement s’imposent. Par exemple, jusqu'au XIXème siècle, la Ville de Pau ne dispose d'aucune adduction en eau potable. Malgré la multiplication des fontaines décidée dès 1835 et l'existence de quelques puits privés et autres sources, la majeure partie des besoins est satisfaite par des porteurs d'eau professionnels qui s'approvisionnent au Gave de Pau et au Néez. Le 6 juillet 1862, Napoléon III signe le décret impérial déclarant d'utilité publique l'acquisition par la Ville de Pau de la résurgence de l'œil du Néez à Rébénacq pour alimenter en eau les Palois. Le service municipal des eaux était né. L’eau captée en amont de la ville est amenée en 1866 et peu à peu distribuée dans tous les quartiers. Un réseau d’égouts est établi à partir de 1875 et le Hédas est recouvert pour servir de collecteur. Les Palois encore à ce jour boivent une eau qui vient des Pyrénées.

La Première Guerre Mondiale, puis la crise économique du début des années 1930 mettent un terme à la vogue « touristique » de Pau.

L’interruption due aux années de combat, la baisse notable des revenus de certaines classes sociales et enfin la nouvelle mode des bains de mer accélérèrent un déclin perceptible dès les premières années du XXème siècle. Paradoxalement, la période de l’entre-deux-guerres est sans doute la plus riche en projets de toutes sortes et en bouleversements.


La vogue art-déco.- A la charnière des années Trente, Pau connaît une mutation profonde. Les créations art déco sont les derniers soubresauts de l'époque de villégiature de la ville.

Pour sauver la vocation touristique de la cité, les édiles cherchent à lui donner une nouvelle impulsion, pensant attirer par de nouveaux équipements une nouvelle clientèle, notamment espagnole grâce à l’ouverture de la ligne de chemin de fer Pau-Canfranc (1928). Le Palais d’Hiver dont l’entretien était extrêmement coûteux est ainsi modernisé et transformé en Casino municipal.

Le Palais des Pyrénées est alors édifié en plein centre-ville, nouveau casino comprenant une galerie commerciale et des salles de spectacles. Il s’agit d’un remarquable exemple de l’architecture des années 1930, tout comme la Bibliothèque et le musée des Beaux-Arts, construits à la même époque par l’architecte Ruillier sur les vestiges de l’ancien asile d’aliénés. Ces efforts n’eurent cependant que peu de résultats et l’acquisition en 1940 de la propriété Lawrance et de son vaste parc situés au nord de la ville marque clairement la fin d’une époque…


La ville en ses quartiers. La période faste de la villégiature se termine dans l'entre-deux-guerres. Cette époque marque le début d'une nouvelle ère pour Pau avec le développement des premiers lotissements pavillonnaires et des logements sociaux.

Avec ou sans ses « étrangers », la ville poursuit son extension et de nouvelles zones d’habitat pavillonnaire apparaissent, fort différentes des grands demeures d’antan, ainsi que les premières réalisations de logements collectifs à vocation sociale qui voient le jour, favorisées par les dispositions de la loi Loucheur à partir de 1928.

Ainsi, aux côtés des immeubles urbains généralement cossus, les lotissements pavillonnaires absorbent une grande partie de l’offre nouvelle de logements, contribuant à l’essor de la ville. Avant la guerre, les tentatives étaient restées bien modestes et c’est seulement dans les années 1930 que l’on peut situer leur véritable démarrage. La construction à cette époque des églises Saint-Joseph, Notre-Dame et Saint-Julien confirme cette extension urbaine.

Cette période de l’entre-deux-guerres est aussi celle des débuts du logement social à Pau. Pour être en conformité avec un cadre législatif national qui promouvait la construction sociale d’initiative publique, Pau se dote le 15 Juin 1929 d’un Office d’Habitations à Bon Marché. Il lance dès sa création un projet d’habitations sur des terrains concédés par la Municipalité au revers de la caserne Bernadotte. Le programme comprend un bâtiment de seize logements destiné aux officiers, quatre bâtiments de douze logements pour les sous-officiers, et trois de même pour la population civile. L’architecte Henri Maussier-Dandelot propose un plan qui, s’il ne correspond pas totalement à une cité-jardin, en retient de nombreux principes. Organisé comme un îlot ouvert, l’ensemble composé d’immeubles collectifs intègre en son cœur une large étendue dégagée, offerte aux loisirs des habitants ou à des nécessités pratiques, dont témoigne la présence de lavoirs et d’étendoirs à linge. Les logements, à défaut d’être spacieux, sont bien conçus et dotés d’un niveau de confort inconnu des milieux populaires.

L’opération est largement plébiscitée : près de 150 demandes sont posées pour 35 logements mis à disposition de la population civile. Dans l’enthousiasme qui accompagne cette réalisation, l’Office promet de poursuivre les efforts accomplis. Mais la crise qui s’amplifie et l’annonce de la guerre font avorter ces projets et il faut attendre les années 1950 pour qu’une suite leur soit donnée et que la cité prenne son aspect actuel. Cette réalisation originale est aujourd’hui un patrimoine valorisé, considéré à la fois pour l’originalité architecturale de son bâti, mais aussi pour la part d’histoire qu’il représente.


La Seconde Guerre Mondiale sonne ici comme ailleurs un temps d’arrêt de toute construction ou création urbaine.

Après la période de flottement qui caractérise l’immédiat après-guerre, Pau va connaître un nouveau revirement inattendu de son histoire : la découverte du gisement de pétrole et de gaz à Lacq à la fin des années 1940 projette la cité dans l’ère de la modernité.

La période qui suit le second conflit mondial – qui n’eut pas à Pau de répercussion notable tant la ville se trouvait à l’écart des grandes zones stratégiques – fut pour la ville celle de sa plus formidable croissance économique et démographique. La présence dans les alentours d’entreprises repliées pendant la guerre (Turboméca à Bordes), puis la découverte en 1951 du gisement de gaz naturel de Lacq, l’installation à Pau de la Société nationale des pétroles d’Aquitaine, aujourd'hui Total, et enfin l’arrivée en masse des rapatriés d’Algérie, furent autant de facteurs déclencheurs de l’explosion de la ville qui franchit très rapidement ses anciennes limites.


La construction des grands ensembles. Si en 1947 la ville se dote d’un réel plan global d’aménagement, les constructions neuves se font attendre. Il faut attendre les années 1960 pour voir la ville s'urbaniser et se moderniser.

Pour la Municipalité, la priorité est d’abord donnée à la lutte contre l'insalubrité. La Ville commence à intervenir sur l’habitat dès 1951 par quelques opérations confiées à la société HLM ou à l’Office public HLM. Ainsi, menée entre 1953 et 1962, l’opération « Taudis » vise à démolir des quartiers entiers considérés comme insalubres, au premier rang desquels le vieux quartier situé au fond du ravin du Hédas et longtemps méprisé par les autres Palois. La Municipalité achète 17 immeubles qu’elle souhaite réhabiliter. Dans le même temps, de nouveaux immeubles offrant toutes les commodités modernes sont édifiés en hâte, à l’extérieur de la ville. En 1957, la construction de la cité des Fleurs débute pour endiguer un déficit sensible d’offre en logements modernes.

La construction de logements neufs prend du retard par rapport au formidable essor démographique que connaît la ville. Cette tendance va s’inverser au début des années 1960 avec le plan directeur de 1964, caractérisé par la mise en œuvre de deux projets majeurs de grands ensembles au Nord, celui de la cité de l’Ousse-des-Bois (860 logements, 5000 habitants) et l’opération « Duffau-Tourasse », achevée en 1971. Elle concerne l’aménagement de 35 hectares de terrains achetés par la Ville, dont 22 sont réservés à la construction de 2000 logements, et est confiée à l’architecte-urbaniste André Rémondet, premier grand prix de Rome.

Après l’aménagement du quartier Dufau-Tourasse, la zone est étendue au quartier Tourasse-Buros. Il en résulte un secteur très étendu d’est en ouest, constitué presque exclusivement d’immeubles collectifs d’habitations dont l’urbanisation se réfère aux modèles des grands ensembles: une église, un groupe scolaire, un centre administratif, un centre culturel et un centre social devaient faire de ce nouveau quartier une véritable « ville dans la ville ». Le quartier ne devint pourtant jamais le nouveau centre de la ville qu’avaient rêvé les élus et urbanistes des années 1960.

Ces opérations immobilières sont accompagnées par la construction d'infrastructures et d’équipements partout dans la ville : le nouvel abattoir (1954-1967), l’aéroport en 1955, le Foirail (1962-1964), la piscine municipale (1963-1966), le théâtre de verdure du parc Beaumont. La fin des années 1960 et le début années 1970 sont de plus marqués par le développement du campus universitaire et la cité administrative.


Les années 1980 marquent la reconquête du centre ville trop longtemps délaissé ou défiguré. Une transformation qui se poursuit aujourd'hui dans une démarche engagée de renouvellement urbain et de valorisation patrimoniale.

La démolition en 1971 d’un hôtel particulier du XVIIème siècle ou la surélévation malencontreuse du Palais des Pyrénées sont quelques-unes des erreurs commises dans l’urgence des besoins à satisfaire. La nouvelle municipalité élue en 1971, sans négliger la périphérie, porte son attention à la partie ancienne de la ville : l’opération « Pau ville moyenne » permet ainsi, avec l’aide de l’État de rénover et restructurer les quartiers anciens les plus dévalorisés. L’avenue de la Gare et la Basse-ville, le ravin du Hédas, la place Reine Marguerite (ancienne halle du XVIème siècle), et la réactivation du centre marquée par l'opération Bosquet en sont les réalisations les plus symboliques. Certaines rues commerçantes deviennent semi-piétonnes. Le secteur du château (ancien Borg vielh) est alors entièrement interdit aux voitures.

A partir des années 1990, la prise de conscience de la nécessité d’une politique déterminée de protection et valorisation patrimoniale conduit en mars 2007 à la création d’une Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (Z.P.P.A.U.P.). Caractérisée par son ampleur, elle considère la diversité patrimoniale de la ville comme sa caractéristique essentielle et consacre une vision large des patrimoines, du château aux grands ensembles du XXème siècle. Cet héritage de l'évolution urbaine de la ville est aujourd'hui perceptible autant dans les formes urbaines que dans la vie des quartiers.

A l’heure du Développement Durable, la Ville s’est engagée dans la transformation de ce zonage patrimonial en A.V.A.P. (Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine) qui intègre les prescriptions du Grenelle II. Elle a aussi obtenu en novembre 2011 le Label Ville d'art et d'histoire, qui consacre les collectivités qui se sont engagée activement dans la préservation et la valorisation de leurs patrimoines.