Le Conte d'Hiver : "Pour Shakespeare, le théâtre est une fête"
Interview de la metteure en scène
Interview de la metteure en scène
Sandrine Anglade signe la conception et la mise en scène de cette pièce jouée au Foirail les 9 et 10 décembre. Interview.
Quand a germé en vous ce projet de mettre en scène Le Conte d’Hiver ?
Le Conte d’Hiver a été mon premier désir de mise en scène shakespearienne. Il y a peut-être 15 ans, j’avais tenté d’aborder ce texte mais il me manquait des outils précieux, dramaturgiques, linguistiques et musicaux pour parvenir à ce travail. Shakespeare c’est une langue, un certain état d’esprit, le foisonnement musical d’une époque. Bref, j’avais besoin d’approfondir, de mieux connaître et de trouver des complices pour vraiment me
lancer.
Ma rencontre avec Clément Camar-Mercier est venu répondre à mes besoins pour être au plus proche du travail élisabéthain que ce soit par les connaissances mais aussi l’état d’esprit que cela implique. Du point de vue du texte, la traduction de Clément s’éloigne de certains travaux que je juge trop universitaires. Shakespeare était un acteur et il concevait son théâtre dans le lien partagé avec le spectateur. Cette relation entre le texte et la réception du spectacle, c’est Shakespeare, mais c’est aussi l’essence même du théâtre.
Quelle ligne directrice avez-vous choisi pour conduire la mise en scène ?
J’ai été très marquée par la mort du jeune prince Mamillius. La vie renaît avec le pardon. Mais lui, il est parti à tout jamais. Je me suis servie de cet enfant comme d’un guide, comme si la deuxième partie de la pièce, la comédie, pouvait être l’histoire que Mamillius aurait eu envie de voir ou de se raconter.
Ainsi, le prolongement de sa présence uniquement par la voix de l’actrice m’a permis de tirer ce fil. La musique devient l’incarnation du petit prince disparu, comme la mémoire éternelle de sa présence. Cette présence de l’enfant disparu, c’est exactement à cet endroit que nous conduit Shakespeare : la capacité à faire se rencontrer en même temps le réel et le rêve. Notre vie n’est pas linéaire mais doit être lue dans son épaisseur, comme une succession de strattes. C’est comme un millefeuille en pâtisserie ! On l’appréhende vraiment si on mange en même temps le feuilletage, la crème et le glaçage. Le rêve d’Antigonus qui voit apparaître la Reine Hermione lui demandant de baptiser le bébé du nom de « Perdita » permet cette passerelle entre le réel et l’imaginaire du conte.
Quelle place a la musique dans votre spectacle ?
La musique fait partie de ma vie, viscéralement. Je ne sais pas faire sans musique. Elle porte en elle la question du partage, donc pour moi du théâtre.
Le théâtre de Shakespeare est empli de musiques. La mise en scène explore naturellement la fonction dramaturgique de la musique puisqu'elle reprend directement les chansons présentes dans le texte.
En partant de la musique d’origine, de ses paroles et de ses mélodies, chaque morceau parvient à trouver son statut, son sens, sa raison d’être dans la narration. La musique incarne un « état », joue un rôle. Harpe, accordéon, voix, chaque ingrédient est porteur de sens et d’émotions pour guider le spectateur à se délecter de ce millefeuille shakespearien.
La billetterie
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